Epilogue : fin de l'aventure

Guaiba le 19 juillet 1978

Je vous écris brièvement pour vous tenir au courant des prochains évênements. Je suis dans les malles jusqu'au cou.

Les enfants vont voyager seuls vendredi prochain. Ils arriveront à Paris samedi après-midi où M-Cl les attendra. Ils vont, je crois, passer quelques jours à Noirmoutier avec M-Cl, et ensuite, je n'en sais rien. Contactez M-Cl pour savoir la suite du programme.

D n'a pas encore reçu son billet, mais il a son contrat pour la Syrie. Il part dès qu'il a le billet.

Moi je reste l'attendre. Je vais faire un travail de consultance ici à Porto Alegre.

 

Suite et fin

 

Donc les enfants sont repartis. Ils ont voyagé tous trois en UM, car D n'avait pas encore eu confirmation de son départ !

Moi j'ai travaillé comme consultante en statistique à la Cientec, puis j'ai donné des cours du soir de statistique à l'association des ingénieurs chimistes. Dominique est parti à Bagdad et je suis allée par le bus l'accueillir à son retour à Rio et j'avais préparé un retour en avion pour Porto Alegre en passant par Foz de Iguaçu.

Nous avons visité les chûtes impressionnantes et j'ai voulu aller faire un tour au Paraguay, histoire de collectionner les capitales d'Amérique du sud ! J'avais un bus partant d'Iguaçu pour Asuncion, D qui n'avait pas de visa de sortie du Brésil ne pouvait donc pas m'accompagner. Il m'a laissée à la rodoviaria en me disant qu'il allait faire un tour du côté de la frontière. Je suis arrivée dans l'après-midi à Asuncion et qui je vois en débarquant ? D ! comment avait-il fait ? il était arrivé à la frontière Brésil Paraguay en bus, avait demandé au policier qui se trouvait là si le bus pour Asuncion était bien celui là là-bas et sur sa réponse positive était monté dedans !

des photos (les chûtes d'Iguaçu)

Nous avons passé une après-midi à Asuncion. Strosner était présent partout et la misère aussi, gosses pieds nus dans les rues, familles dormant sur les trottoirs protégés par des cartons, ... Mon bus de retour était à une heure du matin, nous sommes allés au cinéma pour passer le temps en attendant, ils passaient un film avec Alain Delon ! Puis D m'a laissée de nouveau pour aller reprendre un bus jusqu'à la frontière en me disant qu'il retournait comme il était venu ! Nous nous sommes donné rendez-vous à neuf heures dans un café d'Iguaçu. Mon bus est parti, vers 6 heures du matin il s'est arrêté à la frontière, le chauffeur est allé à la police avec les passeports de tous les passagers. Il est revenu en disant que j'avais un problème. Il m'a accompagnée pour aller discuter avec le policier qui avait gardé mon passeport. J'étais dans la mouise. J'avais pris en rentrant un visa de 24 heures mais on était le lendemain même si ça ne faisait que 18 heures et j'étais donc en infraction. Le policier me regardait de haut et ne parlait qu'au chauffeur comme si je ne comprenais rien. Celui-ci a fini par lui demander : combien ? il a répondu : combien elle a ? j'ai dit au chauffeur que j'avais 250 cruzeiros (je m'an gardais quand même un peu !), puis il a enfin répondu : ça ira. Je lui ai donné l'argent, il m'a rendu mon passeport et le bus a pu repartir !

Une heure après il arrivait à Iguaçu. J'étais folle d'inquiétude jusqu'à neuf heures, me disant que moi qui était en règle j'avais eu ces problèmes, alors quoi de D qui n'était pas en règle et se proposait de rentrer illégalement ? J'ai fait des aller retour à guetter tous les bus qui revenaient de la frontière, pas de D en vue. Que vais-je faire cet après-midi où est prévu notre avion de retour à Porto Alegre, s'il n'est pas revenu ? Après toutes ces angoisses, je retourne vers 9 heures 30 au café et qui je vois, lisant son journal ? D ! Alors qu'est-ce que tu fais ? Comment es-tu revenu ? Comme j'étais parti ! Fin de l'angoisse et nous voilà repartis pour Porto Alegre dans l'après-midi !

Finalement les derniers temps à Porto Alegre ont été plus doux, j'étais presque adaptée et les deux ans de galère me semblaient loin derrière. mais les enfants étaient rentrés et notre départ était prévu aussi. D aurait sûrement aimé rester, mais je ne suis pas sûre que son patron désirait le garder maintenant que l'affaire tournait et qu'il pensait pouvoir faire l'économie de son salaire.

Nous sommes aussi allés passer un week-end à Montevideo, ville très belle, mais très triste. Nous dormions au septième étage dans un hôtel du centre ville. C'était plutôt bruyant. Vers une heure du matin nous avons entendu les pompiers approcher et s'arrêter en bas dans la rue. Je suis allée voir à la fenêtre et j'ai vu qu'ils s'étaient arrêté à notre hôtel. je suis sortie de la chambre, à poil, j'ai vu de la fenêtre arrière, des flammes qui monter jusqu'en haut. Panique ! J'ai secoué D, j'ai vite pris un vêtement, mon sac et nous nous sommes précipités vers les escaliers. pas question de prendre l'ascenseur ! Un couple de Brésiliens faisaient comme nous ! Finalement quand nous sommes arrivés en bas, l'incendie qui venait des cuisines était maitrisé. Une grosse frayeur pour rien !

des photos (Montevideo)

Je suis allée en balade dans le Rio Grande do Sul profond avec F le magrão. Nous avons pris le bac sur le rio Jacui et nous sommes allés à Santo Amaro. je me croyais tout droit tombée dans un roman de Gabriel Garcia Marquès !

des photos (Santo Amaro)

Enfin l'heure du départ est arrivé, nosu avons rempli les malles que nous avions tant attendues deux ans auparavant ! Nous ne les avons pas bouclées, car PR nous a dit que la douane voudrait sûrement les visiter ! Nous avons laissé les sangles pour qu'ensuite quelqu'un se charge de les boucler. Ce qui n'a jamais été fait vu l'état dans lequel nous avons récupéré seulement trois sur les cinq, les deux autres ayant à jamais disparu !

Nous étions accompagné à notre départ de la rodoviaria de Porto Alegre par tous nos amis ! Nous avons pris le bus jusqu'à Brasilia, puis de là l'avion jusqu'à Manaus. Nous avions des cadeaux de départ, dont une énorme crevette fossile que nous voyions difficilement se rajouter à nos bagages déjà surchargés. Un de nos amis qui avait un déménagement prochain payé sur la France et qui déjà se chargeait de nos fauteuils et table de Torres, l'a prise (nous avons tout récupéré à Paris quelques mois plus tard !).

des photos (Brasilia)

A Brasilia nous sommes restés deux jours. Le père d'une amie nous avait prêté son appartement. Nous avons pu visiter la ville. Les soirées étaient un peu longues, nous n'osions pas nous promener tant les rues étaient désertes. A Manaus nous sommes restés une semaine, nous logions chez JC, alors directeur de l'alliance française. Nous avons trouvé au port de Manaus, un gars qui a accepté moyennant finance de nous promener dans son petit bateau sur l'Amazone ! Nous sommes partis deux jours, logeant chez l'habitant, accrochant nos hamacs aux crochets que nosu trouvions. J'avais oublié de prendre de la crème solaire et malgré les protections que j'ai essayé d'improviser, je suis revenue brûlée au visage et au cou, au deuxième ou troisième degré. J'ai jonglé pendant plusieurs nuits ensuite.

des photos (Manaus)

De Manaus, nous avons pris l'avion pour Mexico. Après un départ manqué, puisque nous nous étions trompé de jours ! En arrivant vers dix heures du soir à l'aéroport de Mexico, j'ai eu la surprise de voir des femmes en manteau de fourrrure, moi en petite robe de coton ! Les douaniers, voyant sans doute mon visage écrevisse (à cause des coups de soleil) et ma tenue légère ont imaginé que j'étais sous l'effet de la drogue. Ils ont vidé tous nos bagages, cassé le fond de ma bouteille thermos, démonté la petite radio que j'avais acheté à Manaus, ont appelé une femme douanière qui m'a amenée aux toilettes pour me fouiller. Elle a été correcte, m'a demandé ce que je faisais de ma vie. Quand je lui ai dit que j'étais mère de famille, elle s'est rassurée ! Nous sommes sortis des toilettes et a fait non de la tête au douanier plus loin, plongé dans nos affaires auprès de D. Il a ensuite essayé de discuter amicalement avec D, mais ce dernier qui avait pris la mouche, lui a dit : ça y est, c'est fini ou pas ?

J'ai bien aimé me balader dans les rues de Mexico. C'est très différent du Brésil et ce qui m'a frappée le plus, ce sont les monuments, chose que l'on voit rarement au Brésil. J'avais déjà été frappée par cela en arrivant à Buenos Aires. Je n'ai pas compris tout de suite pourquoi j'étais si essouflée au moindre mouvement, je sentais mon coeur brinqueballer. J'ai alors réalisé que l'on était en altitude. Quand on débarque par avion, on ne s'en rend pas compte !

Nous sommes allés visiter un champignonniste ami de D à Mexico. Il nous a invité à diner chez lui. Ils voulaient nous montrer que la cuisine mexicaine était piquante. La soupe de chou-fleur était immangeable même pour eux, tellement ils avaient forcé sur le piment !

Ils nous ont emmenés visiter les pyramides de la lune et du soleil de Teotihuacán.

J'ai aussi beaucoup aimé le musée d'ethnographie, regrettant seulement de n'y passer que quelques heures alors qu'il faudrait plusieurs jours pour en profiter.

des photos (Mexico)

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